Les Urgences de Nancy en grève illimitée
Les urgentistes manifestent dans la cour d’honneur de l’hôpital Central à Nancy pour demander davantage de moyens
Un mouvement de grève local des urgences a pris le relais, ce mardi, du mot d’ordre national. Le personnel soignant n’arrête pas le travail mais prend le temps d’expliquer son malaise et de raconter un quotidien harassant.
« Il ne se passe pas une journée, pas une nuit sans que nous soyons insultés. L’agression verbale est notre quotidien. » Les infirmières, infirmiers, aides-soignantes et aides-soignants du service des urgences de l’hôpital de Nancy sont en grève reconductible et illimitée depuis ce mardi. Le mouvement local prend le relais de la grève nationale lancée depuis plusieurs jours. « Nous ne sommes pas armés face à cette violence quand elle s’exprime » rappelle une aide-soignante. Les insultes et les crachats sont parfois insuffisants. Les coups prennent le relais. « Ce sont parfois de véritables bagarres, des rixes de rue » soupire une infirmière. En quelques jours, huit plaintes ont été déposées par le personnel soignant au commissariat de Nancy. Quatre pour la seule nuit de lundi à mardi.
Pas la faute des patients
« Avant, on n’osait pas porter plainte, il fallait le faire sur son temps de repos, et, franchement, on ne trouvait pas l’énergie après une journée harassante » indique Ollia, infirmière depuis 17 ans et aux urgences de Nancy depuis 10 ans. Les démarches nécessaires auprès des services de police peuvent être désormais faites sur le temps de travail. « Mais attention », précise aussitôt un infirmier, « il ne faut pas mettre cela sur le dos des patients ou de leurs familles, il y a des raisons objectives à cette agressivité ». Les attentes trop longues et les informations qui tardent à venir ont pour effet de faire monter la tension auprès des patients pour eux-mêmes ou pour l’un de leurs proches.
« Je suis épuisée »
Regroupés sous une pluie fine, les personnels soignants en grève travaillent comme tous les jours. Seuls les slogans accrochés à leurs blouses témoignent de leurs revendications. Aucune ne porte sur les salaires. « Notre combat est mené pour les patients afin qu’ils soient reçus et soignés comme ils le méritent » lance Camille, infirmier aux urgences de Nancy depuis 2012. Leur profond mécontentement est exprimé sans véhémence mais avec la force de la sincérité. « Je suis épuisée mais déterminée pour que cela change » lâche Audrey, aide-soignante depuis 20 ans dont 10 aux urgences. Ils ne disent pas que rien n’est fait pour eux. Mais cela reste insuffisant.