Le Sénat à majorité de droite a adopté mercredi à main levée en première lecture la réforme de la distribution de la presse, défendue comme « indispensable » par le ministre de la Culture Franck Riester, mais combattue par la CGT du Livre.
La loi Bichet du 2 avril 1947, héritage du CNR, permettait grâce à un système coopératif à chaque quotidien ou périodique, quelle que soit l’importance de son tirage, et son orientation, d’être présent dans les points de vente sur tout le territoire, à égalité de traitement, en étant groupé avec les autres titres et acheminé en temps et en heures vers les points de diffusion.
Adieu à ce système coopératif et solidaire ?
Adieu aux principes fondamentaux de liberté, d’égalité issus de la loi Bichet ?
Adieu à la liberté d’expression, au pluralisme, à la diversité et la liberté de la presse ?
Le projet de loi réformant la loi Bichet qui organise depuis plus de 70 ans la distribution de la presse, a été adopté avec les voix LR, centristes, RDSE à majorité radicale, LREM et Indépendants. Le CRCE à majorité communiste a voté contre et le PS s’est abstenu. Il doit maintenant être soumis à l’Assemblée nationale.
Il donne davantage de souplesse aux marchands de journaux dans le choix des titres qu’ils distribuent (hors presse d’information politique et générale), afin « d’améliorer leur attractivité commerciale », selon le ministre.
Opposée à ce projet, la CGT du Livre a appelé à une grève de 24 heures, empêchant la parution des quotidiens nationaux mercredi. et à une manifestation devant le Sénat.
Le groupe CRCE s’est fait l’écho de cette opposition, Pierre Laurent exprimant « les plus grandes inquiétudes sur l’effet dévastateur en termes de pluralisme de l’application d’un tel projet ».
La question de Presstalis a été au coeur des débats, David Assouline (PS) insistant pour obtenir la garantie « que Presstalis ne sera pas victime de ce projet de loi ». Il a dressé « un bilan mitigé » des dispositions du texte, malgré des « améliorations substantielles » apportées par le Sénat.
Notre analyse :
La loi Bichet est un véritable fleuron de la liberté d’expression, de pensée et d’opinion issu de la résistance suite à la collaboration de certains journaux avec l’ennemi.
S’attaquer à ce joyau législatif de la Résistance, c’est s’attaquer aux fondements même des notions d’égalité d’une société qui se prétend démocratique pour les livrer sur l’autel du libéralisme à de grands groupes et permettre la diffusion des titres en phase avec le pouvoir en place au détriment des autres titres (plus subversifs, revendicatifs, à tirage limité par exemple) qui seront appellés à disparaître.
La CGT s’oppose à ce détricotage politique de ce système coopératif de la distribution de la presse symbole de nos libertés individuelles.